Les groupes appellent le gouvernement argentin à renoncer à les disqualifier et demandent au Conseil général et au directeur général de l’OMC, Roberto Azevedo, de ne pas tenir la réunion en Argentine, à moins que la décision ne soit annulée.
Washington, DC – le jeudi 30 novembre 2017 – Dans un geste sans précédent, à quelques jours avant la tenue de la rencontre à Buenos Aires, le gouvernement argentin a révoqué l’accréditation de 63 personnes représentantes d’organisations de la société civile — syndicats, groupes environnementaux, organisations en développement, sur les droits numériques et d’autres — à la rencontre ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les autorités argentines ont informé l’OMC que ces personnes ne seront pas autorisées à participer à la réunion dans le pays. La grande majorité des organisations rejetées collaborent avec le réseau mondial Our World Is Not for Sale (OWINFS).
Parmi les délégations et organisations visées, dont plusieurs ont déjà assisté à plusieurs réunions ministérielles et qui ont reçu une note du Secrétariat de l’OMC, le 29 novembre, les informant que le gouvernement argentin avait résilié leur accréditation déjà accordée par l’OMC, on retrouve :
- Argentine : Instituto del Mundo del Trabajo, Siemenpuu, Fundación Grupo Efecto Positivo, Sociedad de Economía Crítica
- Belgique : 11.11.11
- Brésil : Réseau brésilien d’intégration des personnes, REBRIP
- Chili : Derechos Digitales
- Finlande : Siemenpuu
- Indonésie : Institute for National and Democracy Studies
- Pays-Bas : Institut transnational
- Philippines : People Over Profit
- Royaume-Uni : Global Justice Now!
- ainsi que des organisations internationales, dont le syndicat mondial UNI, basé en Suisse, et sa section sud-américaine basée en Uruguay, les Amis de la Terre International. Une liste complète est disponible sur demande.
Fait à noter, parmi la vingtaine d’organisations dont l’accréditation fut résiliée, on ne retrouve que deux provenant du monde des entreprises, alors que la plupart d’entre elles sont acceptées.
Aujourd’hui, les groupes en appellent au gouvernement argentin pour revenir sur ces exclusions et demandent au Directeur général de l’OMC et aux membres de l’organisation à ne pas tenir la rencontre en Argentine à moins que la participation des groupes ne soit résolue.
L’accord habituel entre les organisations internationales comme l’OMC et le pays hôte d’une conférence internationale prévoit l’accréditation, les visas et l’accès à tous celles et ceux que l’organisation internationale accrédite: diplomates, médias, observateurs d’organisations intergouvernementales, organisations non gouvernementales, etc. L’accord prévoit une réserve pour le pays hôte pour refuser l’entrée à une personne, seulement pour des raisons de sécurité exceptionnelles.
Selon l’expérience des 250 membres d’OWINFS qui ont déjà assisté aux réunions internationales de l’OMC, des Nations Unies et d’autres instances, les pays hôtes n’ont jamais refusé l’entrée de telles organisations, sauf pour une ou deux personnes spécifiques au maximum, avec au moins une justification fournie. Les précédentes réunions ministérielles de l’OMC à Singapour, aux États-Unis, au Qatar, au Mexique, à Hong Kong, en Suisse, en Indonésie et au Kenya n’ont pas connu une telle répression.
Nous avons participé à de nombreuses réunions ministérielles précédentes sans aucun problème, mais maintenant notre délégation de quatre personnes a vu son accréditation révoquée – malgré le fait que nous engagions notre gouvernement à l’OMC depuis des années et que nous ayons des billets non remboursables et les hôtels, a déclaré Nick Dearden de Global Justice Now!
En offrant d’accueillir la Conférence, l’Argentine s’est engagée à assurer l’accès, y compris aux personnes déléguées des organisations sociales accréditées que l’OMC reconnaît. Si un pays hôte commence à prendre des décisions limitant l’accès aux réunions et le fait de manière arbitraire et sans avoir à expliquer les motifs, non seulement l’intégrité de la conférence est remise en question, mais un principe clé de la diplomatie internationale est violé. L’OMC ne devrait pas accepter une violation aussi flagrante de normes internationales bien établies.
Il est ironique que cela se produise le même jour que l’Argentine célèbre le transfert de la présidence du G20 de l’Allemagne à l’Argentine. L’interdiction des personnes déléguées inscrites à l’OMC est un précédent scandaleux et inquiétant, non seulement pour la réunion de l’OMC elle-même, mais aussi pour la présidence argentine du G20 et toutes les futures réunions internationales qui seraient accueillies par des gouvernements répressifs.
Pour consulter la lettre collective transmise au gouvernement argentin, ainsi qu’aux ministres canadiens des Affaires internationales, Madame Freeland, et au Commerce international, monsieur Champagne, en français cliquez ici. En anglais
Pour obtenir la liste complète des personnes refusées par le gouvernement argentin, une copie de la lettre de l’OMC aux organisations visées ou pour toute autre information, on peut contacter :
OWINFS est un réseau mondial d’ONG et de mouvements sociaux œuvrant pour un système d’échange commercial multilatéral durable, socialement juste et démocratique. http://www.ourworldisnotforsale.org/ Deborah James, +1.202.441.6917, djames@cepr.
La coordination du Réseau québécois sur l’intégration continentale se rendra en Argentine pour participer aux activités du Sommet des peuples et soutient la campagne de défense de OWINFS, sans en être membre. Ronald Cameron, coordination, 514-217-0264, http://www.rqic.quebec/