Vaccins anti-coronavirus, un gros lot gagné par Big Pharma

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Alors que les nouveaux variants poursuivent leurs ravages un peu partout dans le monde, Moderna et Pfizer ont décidé récemment d’augmenter les prix de leurs vaccins anti-coronavirus en Europe, selon le Fiancial Times, 2021. Une décision qui survient à un moment extrêmement charnière, d’autant plus qu’aucune avancée n’a été réalisée à propos de la dérogation aux droits de propriété intellectuelle sur les vaccins anti-coronavirus à l’OMC.

Plus les jours passent, plus l’argent coule à flots pour Moderna et Pfizer

Moderna a annoncé dans son dernier accord d’approvisionnement une augmentation de prix de plus de 10 %, une dose de son vaccin coûtant désormais 25,50 $ au lieu de 22,60 $. Pfizer n’est pas en reste puisque le nouveau prix d’une dose du vaccin qu’elle produit est passé de 18 $ à 23 $, soit une augmentation de plus de 25 % (Nasdaq, 2021).

Cette année, Moderna et Pfizer envisagent de réaliser des ventes annuelles estimées respectivement à 19,2 et à 33,5 milliards de dollars (Bekhtaoui, 2021). Selon Airfinity, entreprise de conseils en sciences de la vie, les ventes de ces deux entreprises pharmaceutiques sont supposées atteindre des montants astronomiques qui s’élèvent respectivement à 30 et à 56 milliards de dollars. Moderna et Pfizer monopolisent les marchés à revenu élevés puisqu’elles commercialisent leurs vaccins à des prix largement supérieurs à leurs concurrents qui vendent leurs vaccins à prix coûtant, entre autres, AstraZeneca et Johnson & Johnson.

Au-delà de le la loi de l’offre et de la demande 

Selon Orelli (2021), il n’est pas si surprenant que les prix des vaccins anti-coronavirus soient revus à la hausse, et ce, en réponse aux lois qui régissent le marché, entre autres, la loi de l’offre et de la demande. Face à des marchés européens qui ont des besoins de vaccination de plus en plus criants, l’offre des producteurs de vaccins à ARN messager, y compris Moderna et Pfizer, a du mal à satisfaire une telle demande. Ainsi, lorsque la demande est largement supérieure à l’offre, les prix augmentent.

Toutefois, une telle croissance de prix n’est pas censée durer longtemps en raison de la concurrence que pourrait imposer d’autres vaccins, notamment, Novavax. La Commission européenne a déclaré plus tôt ce mois-ci qu’elle a approuvé un contrat d’approvisionnement de 200 millions de doses du vaccin Novavax, soit 20,90 $ la dose, selon Reuters (2021).

En réalité, il ne s’agit pas tout simplement d’un équilibre entre l’offre et la demande, étant donné que ces conclusions sont potentiellement partielles, partiales et simplistes. Moderna et Pfizer ont bien choisi le moment opportun pour imposer leurs nouveaux prix à l’Europe. L’UE a conclu ces nouveaux accords d’approvisionnement alors qu’elle a été obligée de résoudre, non seulement les retards de livraison d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson, mais aussi, les graves effets secondaires causés par leurs vaccins, à savoir les caillots sanguins. Sans oublier que les autorités européennes cherchent à atténuer l’ampleur des critiques que leur adressent quelques États membres, dont l’Autriche, et qui les accusent de distribuer à la population des vaccins dangereux. À ces raisons à considérer s’ajoutent aussi l’urgence de sécuriser des doses supplémentaires au cas où une troisième dose serait nécessaire pour lutter contre les nouveaux variants, en l’occurrence, le variant Delta.

Une réalité derrière laquelle se cache une concurrence acharnée qui se joue entre les vaccins à ARN messager et les vaccins à protéines sous-unitaires et à vecteur viral. À l’horizon de 2022, les vaccins à ARN messager seraient de loin les vaccins les plus commercialisés, soit des ventes évaluées à plus que 80 milliards de dollars. En revanche, les vaccins à protéines sous-unitaires et les vaccins à vecteur viral n’atteindraient que des ventes évaluées respectivement à 30 et à 5 milliards de dollars.      

Si l’on n’investit pas sur le long terme, il n’y a pas de court terme

Alors que les populations du monde entier demeurent sous l’emprise des nouveaux variants, incluant les populations du Nord, n’est-il pas paradoxal d’augmenter les prix des vaccins en ces moments particuliers ?

Bien que les pays développés aient réussi à atteindre des taux de vaccination significatifs, la vaccination a ralenti dernièrement, et ce, en raison entre autres de l’hésitation des habitants établis dans les quartiers exclus (Lee, 2021). Tandis que les institutions de la santé publique se battent contre la désinformation sur les vaccins, la décision des entreprises pharmaceutiques risque d’aggraver l’écart de confiance vis-à-vis de ces populations. Pire encore,  de nombreux quartiers à faible revenu ont des densités de population plus élevées et peuvent donc être des zones où le virus peut se propager plus rapidement et plus loin.

Manifestement, la pandémie du coronavirus s’est accompagnée d’une épidémie de pensée à court terme. Si les entreprises pharmaceutiques se soucient de la confiance du public à plus long terme, l’augmentation des prix des vaccins au milieu de la pandémie n’est pas la meilleure des idées.

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